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Le choix du matelas

Le 22/03/2024

Dans la FAQ de l'ostéo

Résumé et synthèse : 

C'est une question qu'on me pose assez souvent. Le choix du matelas dépend de votre morphologie, de votre corps et de votre poids, mais aussi de la tension des ligaments et des muscles. Quelqu'un dont les tissus sont très toniques n'aura pas besoin du même matelas que quelqu'un de plus laxe. 

Pour moi, un bon matelas est celui qui permet de garder les courbures de la colonne telles qu'elles sont quand on est debout sans effort.  

Le choix du matelas doit tenir compte de ce que j'ai entendu appeller "le principe du Tupperware" : le plus mou des 2 va prendre la forme de l'autre. Certaines positions de sommeil sont directement la conséquence de cette inadéquation. 

Si le matelas est trop mou pour vous, c'est le matelas qui se déforme sous votre poids, et il ne vous soutient pas. Le poids du bassin et des épaules vont s'enfoncer davantage que le reste des segments du corps, augmentant la lordoses lombaire lorsqu'on est allongé sur le dos et sur le ventre, gênant la respiration surtout sur le dos, et induisant une inclinaison de la colonne lorsqu'on est allongé sur le côté. 

Si le matelas est trop dur, c'est vous qui allez vous déformer : Allongé sur le côté, les muscles et les articulations des épaules et des hanches seront comprimées par le poids, vous incitant à vous vriller, l'épaule en avant, la jambe fléchie, voire soutenue avec un coussin, pour stabiliser la position. On aura aussi tendance à soutenir la tête pour en réduire le poids en levant les bras sous l'oreiller, ou à préférer la position sur le ventre pour ne pas sentir de "creux" sous les lombaires. 

Dans les 2 cas, cela peut retentir sur votre sommeil. La phase de sommeil profond (la première phase du sommeil) nécessite que vos muscles soient totalement déconnectés, atones. Or, la compression ressentie sur un matelas trop ferme, ou la distension sur un matelas trop mou, maintien votre tonus musculaire en veille. Les capteurs posturaux dans vos muscles, tendons et ligaments signalent à votre cerveau qu'il va falloir bouger pour éviter une crampes ou un étirement trop prolongé. On se réveille le matin avec la sensation d'avoir fait une séance de sport la veille - alors qu'on n'en a pas fait, une impression de fatigue musculaire, ou on ne passe pas en sommeil profond. 

Le choix de l'oreiller vient ensuite. Cela dépend de votre matelas. Une fois le bon matelas trouvé, l'oreiller doit soutenir les courbures en fonction de votre position de sommeil. Pour dormir sur le côté, un oreiller plus volumineux est nécessaire pour aligner la colonne cervicale. Sur le dos, un oreiller moins volumineux suffit pour caler la tête. Sur le ventre, cela va dépendre de votre morphologie au niveau de la poitrine et du thorax. La densité de l'oreiller peut être également à considérer : trop ferme, cela peut gêner le cartilage de l'oreille, trop mou, cela peut entraver la respiration... encore une fois, cela dépend de vos caractéristiques morphologiques. 

Un dernier élément à considérer est "l'effet hamac". Il s'agit de la propension du matériaux du matelas à ne se déformer qu'à l'endroit où s'exerce la pression. Il y a très peu "d'effet hamac" dans un matelas à mémoire de forme : si vous appuyez la main dedans, elle se moule en une empreinte impeccable, ne se déformant qu'à l'endroit de la pression. Il y en a beaucoup dans un matelas à eau, ou gonflable : si vous appuyez la main à 1 endroit, toute la toile se déforme vers le point de pression. Le matelas à mémoire de forme vas faire un "moule" de votre corps, ce qui peut être optimal pour soutenir les articulations, mais gênant pour la respiration, la thermorégulation ou le mouvement, et selon votre corpulence vous pouvez manquer de soutien. Le matelas trop hamac respectera davantage la circulation de l'air, donc favorisera la thermorégulation et la respiration, mais peut manquer d'adaptabilité. 

Pour répondre à ces différents impératifs, les matelas sont généralement composés de plusieurs couches de différentes densités : au plus profond une couche plutôt dense destinée à soutenir le squelette : l'âme, et autour une couche plus souple pour ne pas écraser les muscles et la peau : l'accueil. Les matériaux peuvent être des mousses, de différentes formes et densité, plus ou moins alvéolées pour laisser passer l'air, et/ou des ressorts, plus ou moins nombreux (plus ils sont nombreux et ensachés - c'est à dire séparés les uns des autres - et moins il y aura d'effet "hamac").

Le meilleur conseil que je puisse donner après tout ça, c'est : veillez à pouvoir retourner votre achat s'il ne vous convient pas !

Quelle est la meilleure position pour dormir ? 

Comme toujours, il n'y a pas qu'une bonne position à tenir toute sa vie.

Sur le dos, certains dormeurs auront du mal à respirer, en particulier les respirateurs buccaux (ceux qui ne respirent pas par le nez). Tout le monde le sait, dormir sur le dos fait ronfler ! Cela augmente les restrictions au passage de l'air dans le larynx s'il y en a déjà. Pour la colonne et les articulations, c'est normalement une bonne position, qui permet de bien répartir les liquides. Mais souvent, les matelas sont trop durs pour être confortables sur le dos, et il faut plier les jambes. Certaines personnes, souvent des femmes, auront une cambrure lombaire, ou plus probablement surtout un sacrum trop horizontal pour supporter cette position plusieurs heures. 

Sur le ventre, pas de soucis pour respirer au niveau de la gorge, on ne ronfle pas, parfait. On est moins gêne par la cambrure, sauf si le matelas est trop mou. S'il est mou, on sera également gêné pour respirer à vrai dire, on aura tendance à mettre les mains sous la tête pour libérer le flux d'air. Evidemment sur le ventre, on tourne la tête, ce qui peut amener le raccourcissement de certains muscles. Mais tant que les bras sont coordonnés avec la rotation (le bras levé du côté où le visage est tourné), il y a peu de risques de torticolis. 

 Sur le côté est a priori le meilleur choix : la respiration est libre, les membres peuvent s'ajuster exactement en avant ou en arrière du tronc au plus confortable, la colonne est respectée, le ventre n'est pas comprimé. Un phénomène de variation du flux d'air par les narines va nous inciter à nous retourner régulièrement, évitant une surpression des mêmes articulations. Optimal ! 

Un bon matelas vous permet normalement les 3 positions (sauf particularité anatomique très forte).  

Que se passe-t-il la nuit quand vous dormez ?

Durant le sommeil profond, la première phase du sommeil, celle où il n'y a pas de rêves, les muscles sont inactivés pour permettre le repos. Il n'y a donc plus que vos ligaments pour garder le squelette en cohérence. Lors de ce relâchement, vous confiez entièrement votre congruence anatomique à votre matelas ! Si ce dernier est trop mou ou trop dur, les ligaments peuvent se trouver écrasés, ou étirés, les muscles étirés, ou raccourcis passivement. 

Le raccourcissement passif d'un muscle provoque sa contraction, sous forme de crampe ou de contracture : voilà l'origine des torticolis et autres lumbagos survenant la nuit. Quand le tonus musculaire revient après la phase de déconnection, la distance qui sépare les 2 extrémités du muscle ne correspond plus à celle "enregistrée" avant cette phase de sommeil, le muscle "enregistre" cette nouvelle position comme celle correspondant à la position avant, et reste ainsi raccourci. 

La nuit, la position horizontale fait circuler différemment les liquides de notre corps, les fameux 70% d'eau ne doivent plus lutter contre la gravité et se répartissent régulièrement dans tous les tissus conjonctifs (ceux qui font la jonction entre les différentes structures osseuses, musculaire, ligamentaires...). Notamment, les cartilages se "gonflent" de liquide, et particulièrement les disques intervertébraux. Quand on se lève le matin, on est plus grand que la veille ! Bon, la verticalité nous fait perdre cet avantage rapidement quand on se lève, mais cela explique pourquoi certaines personnes se lèvent "rouillées", et ont besoin de plusieurs minutes pour bouger normalement au réveil. Les muscles ne se sont pas relâchés autant que les cartilages se sont dilatés, il faut un certain temps pour que tout se coordonne. 

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